lundi 12 novembre 2007

L'arc en ciel après l'orage

Après une heure de bateau sur une mer calme, bleu et profonde, les premiers que je voie en mettant les pieds à l’orphelinat sont Jonathan et Ti-Jacques jouant avec une orange en guise de ballon. Tout est calme, tout est à sa place.
Myrtha est toujours aux fourneaux et Gladysse fait toujours la lessive. En entrant je vois Stevenson qui s’occupe des handicapés, toujours avec la même ardeur. Bref, après le passage du cyclone Noël, Haïti et Ile-a-vache respirent. Du coté des handicapés, on dirait que rien n’a changé, sinon deux nouvelles venues.
Nailda et Anthonine sont deux petites filles âgées respectivement de 2 ans et 8 mois. Toutes deux des orphelines que leur parents, par manque de moyen, ont préférées abandonner à l’hôpital Général de la ville des Cayes . Sr Flora étant de passage les a ramenées à l’orphelinat où elles sont maintenant très bien. L’école a repris cette semaine après les intempéries, et la vie continue tranquillement. Le programme des bains à Canober lui s’est arrêté quelques temps, avec le vent du nord qui souffle à longueur de journée et les derniers évènements, c’est plus prudent pense Sr Flora.
Bref, pour l’instant tout est en ordre à l’orphelinat। Après la pluie, le beau temps !
Osny

vendredi 9 novembre 2007

Un drôle de Noël

Le cyclone Noël, après avoir visité les petites Antilles, est arrivé le mardi 30 octobre 2007 dans la soirée sur Haïti. Noël cette fois ci n’a pas été pour les Haïtiens la naissance de l’enfant Jésus à Bethléem, mais l’augmentation d’une misère déjà trop grande et trop lourde pour ce peuple. Comme on peut facilement l’imaginer, les plus victimes parmi les victimes sont les pauvres. Comme cadeaux, Noël a apporté aux haïtiens des pleurs, des sinistrés et des sans abris. Noël a enlevé des vies humaines, détruit des maisons, tué des animaux, rasé des cultures.

Dans un pays où la misère, le chômage et l’insécurité ne cesse de grimper, Noël a vraiment choisi le mauvais moment pour faire son apparition. Mais il y a-t-il un bon moment ? Partout les rivières sont en crues : dans l’Artibonite, à Miragoàne, dans la plaine des Cayes. Partout le niveau de l’eau s’élève, entraînant avec lui le niveau de la misère. Comme prévu le gouvernement Préval-Alexis a promis de l’aide sans tarder. Mais quand on sait que les promesses de ces deux là sont que du vent, on peut dire que la nation haïtienne aura à passer des mauvais moments. Tout cela à cause d’un Noël de mois d’octobre. Pour l’instant la situation reste très critique. La pluie tombe à longueur de journée, les gens ne vont plus à leur travail, les rues sont remplies d’eau, l’Ecole s’est arrêtée il y a une semaine et de gros risques de développement de maladie sont prévus, selon le ministère de la santé publique.

A l’Île-à-Vache, l’eau de mer a fait une entrée en scène de force. Madame Bernard, le lieu habituel du marché est devenu un étang. La mer ne cesse de monter et pénètre chez les habitants dont a maison est près de la plage.

Selon un sondage, le jeu du hasard « loterie », appelé communément « borlette », est le seul espoir des Haïtiens. Que peut faire de plus pour un peuple qui ne peut plus que sur ses rêves? Ici chacun joue le sien (son rêve). Avec le désir de le voir se réaliser. Mais le hasard reste le hasard, et on y perd plus qu’on y gagne.

Que faire de plus pour un peuple qui ne peut même pas compter sur son Président pour le sortir du gouffre dans lequel il se trouve ? Que faire de plus sinon que miser ses propres rêves au jeu du hasard ?

Le président en question ayant lui même déclaré lors de son investiture : « gade’m, m’a gade’w » ce qui équivaut à la phrase de l’ancien Empereur Faustin Soulouque : « Que chaque bourrique braie dans son pâturage ! »
A l’heure où le pays est divisé entre la misère, le chômage et un président qui fait des mots d’esprit, le cyclone Noël, lui continue de donner des cadeaux, à sa façon.


Osny.